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Patient de 20 ans avec tumeur osseuse au niveau du fémur

INTRODUCTION

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville. 

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Philippe Anract, Chef du Service Orthopédie de Cochin.

Retour d'expérience

Présentation du cas clinique

DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Antony dans les Hauts-de-Seine et je vois un patient de 20 ans.

 Je l’avais vu 10 jours auparavant pour une tuméfaction de la partie basse du fémur. Il revient avec son IRM qui montre une tumeur osseuse. Je suspecte une tumeur maligne. 

Dois-je le faire passer par les urgences ? Comment dois-je l’adresser ? 

Les patients de ce type pourront-ils être rapidement pris en charge et traités ?

Réponse et discussion

PR PHILIPPE ANRACT : Dans le cas de ce jeune patient avec suspicion de tumeur osseuse, il s’agit a priori plutôt d’un ostéosarcome ou sarcome d’Ewing. 

Toutes ces tumeurs primitives osseuses doivent être adressées à des centres de référence, que nous soyons en période COVID ou pas. Ils ne doivent pas être pris en charge dans leur hôpital de secteur. 

Ces centres sont facilement identifiables sur toute la France grâce au réseau NETSARC. Sur Paris, c’est l’hôpital Cochin. Nous avons fait en sorte que nos secrétariats soient toujours présents malgré cette crise et nous avons la possibilité d’être contactés pour adresser ces patients. 

Dans le cas d’une suspicion de tumeur osseuse maligne primitive, nous nous engageons à voir ces patients dans la semaine. Nous sommes plusieurs chirurgiens à prendre en charge ces patients. Nous les verrons en consultation. 

Surtout, ne les adressez pas aux urgences car il y a un risque de contamination et de prise en charge inadaptée. 

Ce patient sera donc vu en consultation. Habituellement, cela débouche sur la prescription d’un bilan d’extension et une biopsie. Nous la faisons habituellement dans les 48h si c’est justifié. Par exemple si nous suspectons un ostéosarcome chez un patient de 20 ans, nous allons la faire en 48h.

Malgré la restriction de nos programmes opératoires, nous avons toujours un bloc opératoire pour faire la traumatologie et prendre en charge ces tumeurs malignes primitives.

DR MALLET : Lorsque je suis avec mon patient je consulte donc NETSARC pour savoir quel est le centre de référence le plus proche. Il y a des recommandations pour les sarcomes en période de COVID, je sais donc où l’adresser et il sera pris rapidement.

PR PHILIPPE ANRACT : Exactement. Tous ces centres de référence sont capables de voir le patient dans la semaine et d’envisager la prise en charge d’une biopsie, en l’occurrence. 

Nous pouvons parler de façon plus large de la prise en charge de ces tumeurs pendant cette période car c’est l’inquiétude de tous les chirurgiens, qu’ils soient en chirurgie viscérale ou thoracique.

À l’AP-HP, tous les services de traumatologie, chirurgie tumorale et les urgences conservent une activité, certes réduite, mais la conservent. 

La plupart des collégiales de ces spécialités ont élaboré très rapidement des recommandations pour la prise en charge en décidant pour quelle tumeur nous pouvons par exemple décaler l’intervention. 

L’idée est de passer le cap dans les 15 jours qui viennent car nous avons un besoin énorme de lits de réanimation et nous devons éviter au maximum de faire de la chirurgie lourde chez des patients qui risquent d’aller en réanimation.

Dans notre spécialité, nous avons par exemple décalé de 15 jours/3 semaines certains patients qui présentaient des tumeurs du bassin – chirurgie lourde qui nécessite souvent un passage de 24 à 48h en réanimation. En revanche, nous arrivons à opérer les autres tumeurs. 

Pour les patients en chimiothérapie qui ont une chirurgie lourde envisagée, nous demandons à nos oncologues de refaire une chimiothérapie d’attente. Dans tous les cas, bien se rappeler de contacter un centre de référence dès que l’on suspecte une tumeur maligne osseuse. 

En cette période de COVID, dans les réunions de concertations pluridisciplinaires, nous discutons particulièrement de ces patients et en l’occurrence de pouvoir les repousser, en accord avec nos collègues oncologues. Lorsqu’ils ne sont pas repoussables nous les opérons. 

C’est le cas notamment en chirurgie viscérale et urologique, services dans lesquels certains patients ne peuvent pas voir retarder leur intervention, même de 15 jours ou un mois. Ces patients sont donc bien sûr pris en charge.

DR MALLET : Et pour mon jeune patient de 20 ans ? 

PR PHILIPPE ANRACT : Pour le jeune patient de 20 ans, nous allons le voir en consultation dans les 48h. Suite à cela, si nous suspectons une tumeur maligne primitive osseuse nous lui ferons rapidement son imagerie et il aura sa biopsie dans les 48h. 

DR MALLET : Et en fonction de cela, RCP et traitement.

PR PHILIPPE ANRACT : Oui tout à fait. Ensuite, une fois que nous avons le résultat nous discutons de son dossier en RCP. 

Si c’est par exemple un ostéosarcome, il va débuter par une chimiothérapie adjuvante qui sera maintenue malgré la période de COVID. Il n’y a pas de discussion : nous prenons en charge ces patients.

DR MALLET : Vous n’avez donc pas suspendu les RCP à l’hôpital ?  

PR PHILIPPE ANRACT : Non. Nous avons une RCP tous les mardis. Chaque semaine, nous discutons de tous nos patients en prenant en compte le facteur COVID pour certains. 

Toutes nos RCP tumeurs sont maintenues avec les précautions nécessaires. Nous sommes évidemment tous masqués et faisons en sorte de ne pas être trop nombreux en même temps mais nous discutons de tous ces patients en direct sans visio-conférence.

Message de fin

DR MALLET : Merci beaucoup Professeur Anract. Voulez-vous insister sur un dernier point ?

PR PHILIPPE ANRACT : D’un point de vue chirurgical, les structures ont largement diminué leur activité. Cependant, nous nous sommes mis en ordre de marche pour faire face aux urgences dont peuvent faire partie la prise en charge des tumeurs, en restant toujours en accord avec nos collègues anesthésistes et réanimateurs.

DR MALLET : Parfait. Et vous continuez à traiter les patients les plus graves et notamment ceux atteints de cancers osseux.

Merci beaucoup et bon courage ! Nous n’hésiterons pas à vous rappeler pour prendre des nouvelles.

Retranscription complète
Il n'y a pas encore de retranscription écrite pour cet épisode

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville. 

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Philippe Anract, Chef du Service Orthopédie de Cochin. 

DR MALLET : Je suis médecin généraliste à Antony dans les Hauts-de-Seine et je vois un patient de 20 ans.

 Je l’avais vu 10 jours auparavant pour une tuméfaction de la partie basse du fémur. Il revient avec son IRM qui montre une tumeur osseuse. Je suspecte une tumeur maligne. 

Dois-je le faire passer par les urgences ? Comment dois-je l’adresser ? 

Les patients de ce type pourront-ils être rapidement pris en charge et traités ? 

PR PHILIPPE ANRACT : Dans le cas de ce jeune patient avec suspicion de tumeur osseuse, il s’agit a priori plutôt d’un ostéosarcome ou sarcome d’Ewing. 

Toutes ces tumeurs primitives osseuses doivent être adressées à des centres de référence, que nous soyons en période COVID ou pas. Ils ne doivent pas être pris en charge dans leur hôpital de secteur. 

Ces centres sont facilement identifiables sur toute la France grâce au réseau NETSARC. Sur Paris, c’est l’hôpital Cochin. Nous avons fait en sorte que nos secrétariats soient toujours présents malgré cette crise et nous avons la possibilité d’être contactés pour adresser ces patients. 

Dans le cas d’une suspicion de tumeur osseuse maligne primitive, nous nous engageons à voir ces patients dans la semaine. Nous sommes plusieurs chirurgiens à prendre en charge ces patients. Nous les verrons en consultation. 

Surtout, ne les adressez pas aux urgences car il y a un risque de contamination et de prise en charge inadaptée. 

Ce patient sera donc vu en consultation. Habituellement, cela débouche sur la prescription d’un bilan d’extension et une biopsie. Nous la faisons habituellement dans les 48h si c’est justifié. Par exemple si nous suspectons un ostéosarcome chez un patient de 20 ans, nous allons la faire en 48h.

Malgré la restriction de nos programmes opératoires, nous avons toujours un bloc opératoire pour faire la traumatologie et prendre en charge ces tumeurs malignes primitives.

DR MALLET : Lorsque je suis avec mon patient je consulte donc NETSARC pour savoir quel est le centre de référence le plus proche. Il y a des recommandations pour les sarcomes en période de COVID, je sais donc où l’adresser et il sera pris rapidement.

PR PHILIPPE ANRACT : Exactement. Tous ces centres de référence sont capables de voir le patient dans la semaine et d’envisager la prise en charge d’une biopsie, en l’occurrence. 

Nous pouvons parler de façon plus large de la prise en charge de ces tumeurs pendant cette période car c’est l’inquiétude de tous les chirurgiens, qu’ils soient en chirurgie viscérale ou thoracique.

À l’AP-HP, tous les services de traumatologie, chirurgie tumorale et les urgences conservent une activité, certes réduite, mais la conservent. 

La plupart des collégiales de ces spécialités ont élaboré très rapidement des recommandations pour la prise en charge en décidant pour quelle tumeur nous pouvons par exemple décaler l’intervention. 

L’idée est de passer le cap dans les 15 jours qui viennent car nous avons un besoin énorme de lits de réanimation et nous devons éviter au maximum de faire de la chirurgie lourde chez des patients qui risquent d’aller en réanimation.

Dans notre spécialité, nous avons par exemple décalé de 15 jours/3 semaines certains patients qui présentaient des tumeurs du bassin – chirurgie lourde qui nécessite souvent un passage de 24 à 48h en réanimation. En revanche, nous arrivons à opérer les autres tumeurs. 

Pour les patients en chimiothérapie qui ont une chirurgie lourde envisagée, nous demandons à nos oncologues de refaire une chimiothérapie d’attente. Dans tous les cas, bien se rappeler de contacter un centre de référence dès que l’on suspecte une tumeur maligne osseuse. 

En cette période de COVID, dans les réunions de concertations pluridisciplinaires, nous discutons particulièrement de ces patients et en l’occurrence de pouvoir les repousser, en accord avec nos collègues oncologues. Lorsqu’ils ne sont pas repoussables nous les opérons. 

C’est le cas notamment en chirurgie viscérale et urologique, services dans lesquels certains patients ne peuvent pas voir retarder leur intervention, même de 15 jours ou un mois. Ces patients sont donc bien sûr pris en charge.

DR MALLET : Et pour mon jeune patient de 20 ans ? 

PR PHILIPPE ANRACT : Pour le jeune patient de 20 ans, nous allons le voir en consultation dans les 48h. Suite à cela, si nous suspectons une tumeur maligne primitive osseuse nous lui ferons rapidement son imagerie et il aura sa biopsie dans les 48h. 

DR MALLET : Et en fonction de cela, RCP et traitement.

PR PHILIPPE ANRACT : Oui tout à fait. Ensuite, une fois que nous avons le résultat nous discutons de son dossier en RCP. 

Si c’est par exemple un ostéosarcome, il va débuter par une chimiothérapie adjuvante qui sera maintenue malgré la période de COVID. Il n’y a pas de discussion : nous prenons en charge ces patients.

DR MALLET : Vous n’avez donc pas suspendu les RCP à l’hôpital ?  

PR PHILIPPE ANRACT : Non. Nous avons une RCP tous les mardis. Chaque semaine, nous discutons de tous nos patients en prenant en compte le facteur COVID pour certains. 

Toutes nos RCP tumeurs sont maintenues avec les précautions nécessaires. Nous sommes évidemment tous masqués et faisons en sorte de ne pas être trop nombreux en même temps mais nous discutons de tous ces patients en direct sans visio-conférence.

DR MALLET : Merci beaucoup Professeur Anract. Voulez-vous insister sur un dernier point ?

PR PHILIPPE ANRACT : D’un point de vue chirurgical, les structures ont largement diminué leur activité. Cependant, nous nous sommes mis en ordre de marche pour faire face aux urgences dont peuvent faire partie la prise en charge des tumeurs, en restant toujours en accord avec nos collègues anesthésistes et réanimateurs.

 DR MALLET : Parfait. Et vous continuez à traiter les patients les plus graves et notamment ceux atteints de cancers osseux.

Merci beaucoup et bon courage ! Nous n’hésiterons pas à vous rappeler pour prendre des nouvelles.

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