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Patient de 48 ans avec céphalées, fièvre, rhume et un parent touché par le Covid-19

INTRODUCTION

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville. 

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Nicolas Roche, pneumologue à Cochin.

Retour d'expérience

DR MALLET : Professeur Roche, vous êtes en première ligne face à cette pandémie. Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne votre centre et en quoi cette situation de crise exceptionnelle a modifié votre activité ?

PR NICOLAS ROCHE : Cette situation a considérablement modifié notre activité. Notre service de pneumologie est habituellement consacré à des malades souffrant d’insuffisances respiratoires chroniques, de mucoviscidoses et beaucoup d’oncologies thoraciques. 

A l’heure actuelle, plus des 2/3 du service sont consacrés à des patients COVID. Dans son ensemble, le service a d’ailleurs augmenté de taille. Nous avons habituellement 55 lits dont 8 lits de surveillance continue. Nous sommes aujourd’hui à 65 lits car une unité située dans le bâtiment a été libérée pour nous. 

Nous avons réparti ces lits : 32 lits pour l’hospitalisation conventionnelle COVID et 8 lits de surveillance continue COVID. Parmi ces 8 lits, 3 sont devenus des lits de réanimation lourde avec des patients intubés et ventilés. Nous avons quand même gardé 25 lits pour les patients non-COVID qui continuent à avoir besoin de nos services. Ce sont des patients respiratoires « habituels » par rapport à notre activité. 

DR MALLET : Arrivez-vous encore à accueillir des patients ? 

PR NICOLAS ROCHE : Oui ! Pour l’instant, nous avons ces 25 lits non-COVID pour beaucoup d’exacerbations de maladies respiratoires chroniques diverses : asthmes, BPCO, dilatations de bronches, mucoviscidoses. Nous avons d’ailleurs une énorme file active de mucoviscidoses suivies dans le service. Ces patients continuent à avoir besoin de nous, donc même si notre activité habituelle est très réduite, elle ne peut pas s’arrêter complètement.

Pour réussir à monter en puissance comme cela, nous avons eu besoin de renforcer nos équipes paramédicales et médicales. Il faut savoir qu’une unité COVID consomme entre 50 et 100% de personnels non médical et médical supplémentaires. À effectif constant c’est impossible. 

Nous avons donc eu la chance d’avoir des infirmières de services de médecine, d’ophtalmologie, de chirurgie, qui sont venues renforcer nos services et qui font un super travail. 

Nous avons également des médecins, trois internes et un chef de clinique supplémentaires qui travaillent chez nous. Ce chef de clinique vient de dermatologie et n’est donc pas tout pneumologue, mais il a un bon bagage d’urgence et fait un super boulot. C’est positif et rassurant de voir que tout le monde s’y met et que cela se passe bien en termes de collaboration et de synergie.

DR MALLET : Une belle solidarité !

PR NICOLAS ROCHE : Tout à fait. C’est vraiment l’aspect positif de cette période, car il faut bien en trouver.

Évidemment, c’est parfois compliqué côté matériel car nous en consommons beaucoup. Nous essayons d’équiper toutes les chambres avec un matériel fixe, qui ne bouge pas, pour éviter toutes les manipulations, désinfections, etc. Je parle notamment des saturomètres, des stéthoscopes et des thermomètres. Nous en avons donc besoin de beaucoup.

Nous consommons aussi beaucoup de matériels de protection. Parfois les approvisionnements sont un peu tendus mais pour l’instant nous n’avons pas eu à souffrir d’une vraie pénurie car la logistique suit. 

Pour les réanimations, nous avons parfois besoin d’aller chercher des respirateurs dans des fonds de réserve un peu oubliés. Mais là encore, nous avons beaucoup d’aide de l’extérieur. 

Pour ce qui est de la pneumologie nous travaillons beaucoup avec des prestataires pour les malades appareillés à domicile par de l’oxygénothérapie ou de la ventilation non-invasive. Nous avons actuellement besoin de machines supplémentaires pour ceux qui ont des formes graves. 

Ce n’est pas forcément recommandé mais cela peut aider à passer le cap lorsqu’il doive attendre longtemps pour un lit en réanimation. Les prestataires ont donc bien joué le jeu en nous livrant du matériel qui permet de faire face sans détresse à l’afflux des patients.

DR MALLET : Vous tenez donc le coup pour l’instant.

PR NICOLAS ROCHE : Oui c’est le message. Nous ne sommes pas complètement sereins car nous sentons que la vague n’est pas terminée. Cela continue à monter mais nous avons l’impression que ça monte un peu moins vite en soins critiques, qui est pourtant la zone la plus tendue dans tous les établissements. 

À force d’ouverture progressive, nous tendons vers des améliorations. Aujourd’hui par exemple, nous avons ouvert 7 lits de réanimation supplémentaires, ce qui nous fait 77 lits donc plus du double de la capacité habituelle de l’hôpital. 

Ce sont des efforts colossaux en termes de matériels, personnels et réaménagements de locaux. Mais ce sont, je trouve, sans sombrer dans un optimisme béat, des efforts bien gérés et coordonnés avec une anticipation qui certes n’empêche pas tous les embêtements mais qui permet que cela se passe le moins mal possible.

Présentation du cas clinique

DR MALLET : Nous sentons bien que tout le monde est sur le pont pour accueillir les patients. Et il faut aider nos collègues de ville. C’est pourquoi je vais vous poser la question de ce médecin généraliste dans le 16ème arrondissement de Paris.

Je vois un homme de 48 ans avec de la fièvre à 38-38,5 et un rhume depuis 5 jours. Il se plaint essentiellement de céphalées et vient me voir car il a très mal à la tête. Il est très inquiet car son père est en réanimation depuis 2 jours et je suis moi-même très inquiet de la situation actuelle. 

Que me conseillez-vous pour ce patient ?

Réponse et discussion

PR NICOLAS ROCHE : Compte tenu de ses symptômes et du fait que son père soit en réanimation certainement pour une pneumonie COVID, je présume qu’il l’a également très probablement. En ce moment, des symptômes d’infections respiratoires sont quasiment à tous les coups le COVID. 

De ce que je comprends, il n’a cependant pas l’air d’avoir des signes de gravité. Il faut bien sûr les traquer. C’est l’étape la plus importante pour savoir comment orienter le patient. 

Les signes qui rassurent sont : pas plus de 100 de fréquence cardiaque, pas plus de 20 de fréquence respiratoire. Il faut également vérifier la saturation, plus de 96% en air ambiant.

DR MALLET : 96% en air ambiant, 20 de fréquence respiratoire et pas de tachycardie avec une fréquence cardiaque supérieure à 100. Avec cela nous pouvons être rassurés.

PR NICOLAS ROCHE : Oui, mais il faut vérifier aussi qu’il n’a pas de sensations d’essoufflement. Parfois, les patients signalent seulement une sensation d’oppression thoracique sans se plaindre de dyspnée. Il faut donc être prudent.

Il faut évidemment aussi évaluer les facteurs de risque d’évolution défavorable si c’est un COVID, ce qui est ici certainement le cas ici, sachant que notre patient à 65 ans, même s’il ne faut pas s’arrêter à l’âge. 

La liste des facteurs qui doivent vraiment attirer l’attention sont : une maladie respiratoire chronique sévère, une insuffisance cardiaque chronique sévère, une insuffisance rénale dialysée, une cirrhose, un diabète qui a besoin d’insuline, une immunodépression du patient ou une obésité. 

Dans ces cas-là, il faut surveiller de près le patient et le réévaluer. Il est compliqué de se mobiliser ou de faire bouger les gens en ce moment, il faut donc réévaluer par téléphone l’essoufflement et l’état général. 

Le patient peut être inscrit sur des plateformes de surveillance, notamment COVIDOM. Les patients inscrits sont surveillés par une centrale de surveillance et vont avoir des questionnaires à remplir une ou deux fois par jour en fonction de leur état.

DR MALLET : D’accord. Cette plateforme est facile à trouver ?

PR NICOLAS ROCHE : Oui. Il faut taper COVIDOM sur internet.

DR MALLET : Donc mon patient tape COVIDOM, réactualise ses informations et avec cela il sera surveillé par des professionnels.

PR NICOLAS ROCHE : C’est cela. Tous les jours, les gens qui les surveillent vont voir apparaître un niveau de vigilance rouge ou orange qui permet de savoir où en est le patient et de traiter des alertes. 

S’il y a quelque chose d’inquiétant sur le questionnaire du patient, la plateforme va le rappeler et si c’est nécessaire l’orienter vers des professionnels de santé. C’est donc très utile.

DR MALLET : À l’auscultation mon patient a des râles bronchiques. Je n’ai rien entendu de très spécifique, y a-t-il des signes qui doivent m’alarmer ? 

PR NICOLAS ROCHE : Nous ne savons pas quel point cela doit nous alarmer. S’il y a beaucoup de crépitants, cela peut traduire des formes plus à risque mais cela n’est pas très clair. Le mieux est vraiment de juger à l’impression d’essoufflement ou de confort respiratoire. C’est pourquoi le suivi téléphonique suffit. C’est le meilleur signe d’alerte.

DR MALLET : Très bien. Donc il faut bien regarder les signes cliniques car l’auscultation ne montre rien de spécifique. Et COVIDOM pour le rappeler.

Selon votre expérience sur les patients hospitalisés à Cochin, cela se passe-t-il bien pour certains patients en réanimation ? Des patients en sortent déjà ?  

PR NICOLAS ROCHE : Oui, nous commençons à les voir. Dans les études, les durées de réanimation sont de l’ordre de 3 à 6 semaines mais ce sont des moyennes très variables en fonction des profils des patients. 

En pneumologie, nous récupérons des patients en sortie de réanimation depuis la semaine dernière et globalement en bon état. 

Cependant, certains malades ont des syndromes post-réanimation car ils ont été curarisés. Il va donc y avoir un gros travail de rééducation ensuite. 

L’étape de ce que l’on pourrait appeler « l’après-guerre » va donc être la rééducation post-réanimation. Nous envisageons d’ailleurs d’y dédier une aile car toutes les structures d’Île-de-France vont être rapidement saturées. Cela va être l’enjeu suivant, une fois que nous aurons passé celui-là.

Message de fin

DR MALLET : Très bien. Je vais donc pouvoir le rassurer en lui disant que la réanimation est un cap à passer mais que des gens en sortent. Professeur Roche, un dernier message pour nos collègues ? 

PR NICOLAS ROCHE : Continuer dans l’entraide et l’interaction. Nous avons des coordinations et une complémentarité ville-hôpital qui se font vraiment bien. Sans sombrer encore dans de l’optimisme béat. 

Tout le monde met la main à la pâte et je suis agréablement surpris par la façon dont cela fonctionne. Compte tenu de la tornade que nous traversons, c’est extrêmement important.

DR MALLET : Très belle solidarité.

PR NICOLAS ROCHE : Belle solidarité, c’est tout à fait ça.

DR MALLET : Nous vous souhaitons bon courage à vous et vos équipes pour passer cette tempête. Merci beaucoup !

Retranscription complète
Il n'y a pas encore de retranscription écrite pour cet épisode

À l’ère du COVID-19, nous lançons Radio Cochin, des séquences courtes et des messages clairs sur le coronavirus pour nos collègues de ville. 

Je suis Docteur Vincent Mallet, médecin à Cochin, Professeur des Universités de Paris et je m’entretiens avec le Professeur Nicolas Roche, pneumologue à Cochin. 

DR MALLET : Professeur Roche, vous êtes en première ligne face à cette pandémie. Pouvez-vous nous expliquer comment fonctionne votre centre et en quoi cette situation de crise exceptionnelle a modifié votre activité ?

PR NICOLAS ROCHE : Cette situation a considérablement modifié notre activité. Notre service de pneumologie est habituellement consacré à des malades souffrant d’insuffisances respiratoires chroniques, de mucoviscidoses et beaucoup d’oncologies thoraciques. 

A l’heure actuelle, plus des 2/3 du service sont consacrés à des patients COVID. Dans son ensemble, le service a d’ailleurs augmenté de taille. Nous avons habituellement 55 lits dont 8 lits de surveillance continue. Nous sommes aujourd’hui à 65 lits car une unité située dans le bâtiment a été libérée pour nous. 

Nous avons réparti ces lits : 32 lits pour l’hospitalisation conventionnelle COVID et 8 lits de surveillance continue COVID. Parmi ces 8 lits, 3 sont devenus des lits de réanimation lourde avec des patients intubés et ventilés. Nous avons quand même gardé 25 lits pour les patients non-COVID qui continuent à avoir besoin de nos services. Ce sont des patients respiratoires « habituels » par rapport à notre activité. 

DR MALLET : Arrivez-vous encore à accueillir des patients ? 

PR NICOLAS ROCHE : Oui ! Pour l’instant, nous avons ces 25 lits non-COVID pour beaucoup d’exacerbations de maladies respiratoires chroniques diverses : asthmes, BPCO, dilatations de bronches, mucoviscidoses. Nous avons d’ailleurs une énorme file active de mucoviscidoses suivies dans le service. Ces patients continuent à avoir besoin de nous, donc même si notre activité habituelle est très réduite, elle ne peut pas s’arrêter complètement.

Pour réussir à monter en puissance comme cela, nous avons eu besoin de renforcer nos équipes paramédicales et médicales. Il faut savoir qu’une unité COVID consomme entre 50 et 100% de personnels non médical et médical supplémentaires. À effectif constant c’est impossible. 

Nous avons donc eu la chance d’avoir des infirmières de services de médecine, d’ophtalmologie, de chirurgie, qui sont venues renforcer nos services et qui font un super travail. 

Nous avons également des médecins, trois internes et un chef de clinique supplémentaires qui travaillent chez nous. Ce chef de clinique vient de dermatologie et n’est donc pas tout pneumologue, mais il a un bon bagage d’urgence et fait un super boulot. C’est positif et rassurant de voir que tout le monde s’y met et que cela se passe bien en termes de collaboration et de synergie.

DR MALLET : Une belle solidarité !

PR NICOLAS ROCHE : Tout à fait. C’est vraiment l’aspect positif de cette période, car il faut bien en trouver.

Évidemment, c’est parfois compliqué côté matériel car nous en consommons beaucoup. Nous essayons d’équiper toutes les chambres avec un matériel fixe, qui ne bouge pas, pour éviter toutes les manipulations, désinfections, etc. Je parle notamment des saturomètres, des stéthoscopes et des thermomètres. Nous en avons donc besoin de beaucoup.

Nous consommons aussi beaucoup de matériels de protection. Parfois les approvisionnements sont un peu tendus mais pour l’instant nous n’avons pas eu à souffrir d’une vraie pénurie car la logistique suit. 

Pour les réanimations, nous avons parfois besoin d’aller chercher des respirateurs dans des fonds de réserve un peu oubliés. Mais là encore, nous avons beaucoup d’aide de l’extérieur. 

Pour ce qui est de la pneumologie nous travaillons beaucoup avec des prestataires pour les malades appareillés à domicile par de l’oxygénothérapie ou de la ventilation non-invasive. Nous avons actuellement besoin de machines supplémentaires pour ceux qui ont des formes graves. 

Ce n’est pas forcément recommandé mais cela peut aider à passer le cap lorsqu’il doive attendre longtemps pour un lit en réanimation. Les prestataires ont donc bien joué le jeu en nous livrant du matériel qui permet de faire face sans détresse à l’afflux des patients.

DR MALLET : Vous tenez donc le coup pour l’instant.

PR NICOLAS ROCHE : Oui c’est le message. Nous ne sommes pas complètement sereins car nous sentons que la vague n’est pas terminée. Cela continue à monter mais nous avons l’impression que ça monte un peu moins vite en soins critiques, qui est pourtant la zone la plus tendue dans tous les établissements. 

À force d’ouverture progressive, nous tendons vers des améliorations. Aujourd’hui par exemple, nous avons ouvert 7 lits de réanimation supplémentaires, ce qui nous fait 77 lits donc plus du double de la capacité habituelle de l’hôpital. 

Ce sont des efforts colossaux en termes de matériels, personnels et réaménagements de locaux. Mais ce sont, je trouve, sans sombrer dans un optimisme béat, des efforts bien gérés et coordonnés avec une anticipation qui certes n’empêche pas tous les embêtements mais qui permet que cela se passe le moins mal possible.

DR MALLET : Nous sentons bien que tout le monde est sur le pont pour accueillir les patients. Et il faut aider nos collègues de ville. C’est pourquoi je vais vous poser la question de ce médecin généraliste dans le 16ème arrondissement de Paris.

Je vois un homme de 48 ans avec de la fièvre à 38-38,5 et un rhume depuis 5 jours. Il se plaint essentiellement de céphalées et vient me voir car il a très mal à la tête. Il est très inquiet car son père est en réanimation depuis 2 jours et je suis moi-même très inquiet de la situation actuelle. 

Que me conseillez-vous pour ce patient ? 

PR NICOLAS ROCHE : Compte tenu de ses symptômes et du fait que son père soit en réanimation certainement pour une pneumonie COVID, je présume qu’il l’a également très probablement. En ce moment, des symptômes d’infections respiratoires sont quasiment à tous les coups le COVID. 

De ce que je comprends, il n’a cependant pas l’air d’avoir des signes de gravité. Il faut bien sûr les traquer. C’est l’étape la plus importante pour savoir comment orienter le patient. 

Les signes qui rassurent sont : pas plus de 100 de fréquence cardiaque, pas plus de 20 de fréquence respiratoire. Il faut également vérifier la saturation, plus de 96% en air ambiant.

DR MALLET : 96% en air ambiant, 20 de fréquence respiratoire et pas de tachycardie avec une fréquence cardiaque supérieure à 100. Avec cela nous pouvons être rassurés.

PR NICOLAS ROCHE : Oui, mais il faut vérifier aussi qu’il n’a pas de sensations d’essoufflement. Parfois, les patients signalent seulement une sensation d’oppression thoracique sans se plaindre de dyspnée. Il faut donc être prudent.

Il faut évidemment aussi évaluer les facteurs de risque d’évolution défavorable si c’est un COVID, ce qui est ici certainement le cas ici, sachant que notre patient à 65 ans, même s’il ne faut pas s’arrêter à l’âge. 

La liste des facteurs qui doivent vraiment attirer l’attention sont : une maladie respiratoire chronique sévère, une insuffisance cardiaque chronique sévère, une insuffisance rénale dialysée, une cirrhose, un diabète qui a besoin d’insuline, une immunodépression du patient ou une obésité. 

Dans ces cas-là, il faut surveiller de près le patient et le réévaluer. Il est compliqué de se mobiliser ou de faire bouger les gens en ce moment, il faut donc réévaluer par téléphone l’essoufflement et l’état général. 

Le patient peut être inscrit sur des plateformes de surveillance, notamment COVIDOM. Les patients inscrits sont surveillés par une centrale de surveillance et vont avoir des questionnaires à remplir une ou deux fois par jour en fonction de leur état.

DR MALLET : D’accord. Cette plateforme est facile à trouver ?

PR NICOLAS ROCHE : Oui. Il faut taper COVIDOM sur internet.

DR MALLET : Donc mon patient tape COVIDOM, réactualise ses informations et avec cela il sera surveillé par des professionnels.

PR NICOLAS ROCHE : C’est cela. Tous les jours, les gens qui les surveillent vont voir apparaître un niveau de vigilance rouge ou orange qui permet de savoir où en est le patient et de traiter des alertes. 

S’il y a quelque chose d’inquiétant sur le questionnaire du patient, la plateforme va le rappeler et si c’est nécessaire l’orienter vers des professionnels de santé. C’est donc très utile.

DR MALLET : À l’auscultation mon patient a des râles bronchiques. Je n’ai rien entendu de très spécifique, y a-t-il des signes qui doivent m’alarmer ? 

PR NICOLAS ROCHE : Nous ne savons pas quel point cela doit nous alarmer. S’il y a beaucoup de crépitants, cela peut traduire des formes plus à risque mais cela n’est pas très clair. Le mieux est vraiment de juger à l’impression d’essoufflement ou de confort respiratoire. C’est pourquoi le suivi téléphonique suffit. C’est le meilleur signe d’alerte.

DR MALLET : Très bien. Donc il faut bien regarder les signes cliniques car l’auscultation ne montre rien de spécifique. Et COVIDOM pour le rappeler.

Selon votre expérience sur les patients hospitalisés à Cochin, cela se passe-t-il bien pour certains patients en réanimation ? Des patients en sortent déjà ?  

PR NICOLAS ROCHE : Oui, nous commençons à les voir. Dans les études, les durées de réanimation sont de l’ordre de 3 à 6 semaines mais ce sont des moyennes très variables en fonction des profils des patients. 

En pneumologie, nous récupérons des patients en sortie de réanimation depuis la semaine dernière et globalement en bon état. 

Cependant, certains malades ont des syndromes post-réanimation car ils ont été curarisés. Il va donc y avoir un gros travail de rééducation ensuite. 

L’étape de ce que l’on pourrait appeler « l’après-guerre » va donc être la rééducation post-réanimation. Nous envisageons d’ailleurs d’y dédier une aile car toutes les structures d’Île-de-France vont être rapidement saturées. Cela va être l’enjeu suivant, une fois que nous aurons passé celui-là.

DR MALLET : Très bien. Je vais donc pouvoir le rassurer en lui disant que la réanimation est un cap à passer mais que des gens en sortent. Professeur Roche, un dernier message pour nos collègues ? 

PR NICOLAS ROCHE : Continuer dans l’entraide et l’interaction. Nous avons des coordinations et une complémentarité ville-hôpital qui se font vraiment bien. Sans sombrer encore dans de l’optimisme béat. 

Tout le monde met la main à la pâte et je suis agréablement surpris par la façon dont cela fonctionne. Compte tenu de la tornade que nous traversons, c’est extrêmement important.

DR MALLET : Très belle solidarité.

PR NICOLAS ROCHE : Belle solidarité, c’est tout à fait ça.

DR MALLET : Nous vous souhaitons bon courage à vous et vos équipes pour passer cette tempête. Merci beaucoup !

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